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14 mars 2012

Après l’île de Bali, nous prenons la direction de sa grande soeur, l’île de Java, beaucoup plus sauvage et moins touristique. Elle est connue essentiellement pour ses volcans, son temple bouddhiste de Borobudur, la pétillante Jogjakarta et sa capitale Jakarta. Première étape : un rêve d’enfant pour Choupi, le Kawah Ijen. Ce volcan renferme en effet le lac le plus acide du monde d’un bleu insensé. Des hommes (les célèbres porteurs de soufre) travaillent sans relâche à l’intérieur pour récolter d’immenses blocs de soufre jaune pétant, pesant plusieurs dizaines de kilos.

12 mars. Nous partons d’Ubud en taxi pour rejoindre la plateforme de bus de Bali, à savoir la ville d’Ubung. A peine arrivés, on se fait rabattre par des types qui nous font monter dans un bus en prétextant que le bus part bientôt. D’habitude, on réfléchit à deux fois avec les rabatteurs, mais là je ne sais pourquoi, on monte direct dans le bus. La personne dans le bus nous dit que le bus va jusqu’au Kawah Ijen directement pour 100 000 roupiahs (8€). On avait lu que pour aller jusqu’à la ville située avant, c’était 60 000, mais il nous assure qu’il va jusqu’au site. On accepte donc. En plus, pas besoin de changer de bus entre Bali et Java, on reste dans le même bus et on prend le ferry avec le bus. Les 2h de bus pour rejoindre l’extrémité ouest de Bali se passent correctement. Puis nous embarquons sur le ferry. En allant aux toilettes, je rencontre une néerlandaise de 18 ans, Nilu. On papote quelques minutes, elle est toute seule et après lui avoir expliqué où on allait, elle veut se joindre à nous. Pas de souci ! Elle rejoint notre bus et s’arrange avec le chauffeur pour payer sa part pour aller jusqu’au Kawah Ijen.

Arnaque pour rejoindre Kawah Ijen

Il y a 2 moyens pour accéder au volcan. Soit par le côté Banyuwangi, soit par l’autre côté, vers Bondowoso. Banyuwangi étant le plus proche sur notre trajet, nous optons pour cette solution. On avait vu qu’il fallait à peu près une heure de trajet après la traversée en ferry (qui elle ne dure même pas 20 minutes). Mais plus d’une heure et demie est passée, et le chauffeur ne nous a toujours pas averti qu’il fallait descendre… Bizarre ! On lui demande donc, et il nous répond que le bus en question ne va pas à Kawah Ijen mais continue sa route et qu’on a déjà passé Banyuwangi depuis un bout de temps. Énervés, nous lui demandons de nous rembourser les 40 000 de différence qui correspondait au trajet Banyuwangi – Kawah Ijen. Evidemment, il ne veut pas et nous accuse de menteurs puisque ce n’est pas lui qui a encaissé les sous tout à l’heure. Pourtant, la personne qui nous a donné les tickets a fait payer tout le bus, qui n’était composé que de locaux. On décide donc avec Nilu de rester dans le bus pour se rapprocher désormais de Bondowoso. Tous les passagers du bus rigolent de nous et on voit un mec se partager notre argent, quasi juste devant nous. Ça a de quoi énerver !

Voyant que les choses ne tournaient pas à notre avantage et qu’on n’était pas en mesure de s’imposer, on dit au bus de s’arrêter au milieu de nulle part. Effectivement, c’est nulle part. Le village s’appelle Sempolan et ici, les gens nous scrutent bizarrement. En effet, ils n’ont jamais vus de touristes s’arrêter et encore moins de blancs. Les gamins s’agglutinent autour de nous. On essaye de trouver la station de bus la plus proche mais les gens à qui on peut parler anglais nous disent que c’est super loin. Un mec nous dit qu’il peut nous emmener à Kawah Ijen avec un minibus. Evidemment, son prix est exhorbitant ! On continue de marcher, il nous suit en minibus et descend son prix. C’est toujours cher, on continue. Puis il annonce 60 000 (5€) pour les 3. On dit OK. Le mec parle bien anglais. Il nous explique qu’on peut aller chez sa famille ce soir pour dormir et que demain on pourra aller au volcan car le temps d’y aller, il fera nuit. En revanche, le conducteur du minibus, son pote, doit retourner vite fait déposer des courses chez lui avant de nous emmener. Pendant qu’on attend le retour du chauffeur, ma vessie n’en peut plus et je demande à notre hôte si je peux aller quelque part pour me soulager. Il m’emmène dans un petit chemin où tous les gamins me prennent pour un extra terrestre et arrivés au bout du chemin, il demande à une famille si je peux aller aux toilettes chez eux. Les toilettes se révéleront n’être qu’une pièce avec juste de la terre pour uriner et un seau d’eau pour évacuer ses besoins dans la terre, comme souvent. Je ressors tout gêné, et remercie en indonésien la famille qui se marre comme des tordus. Encore un épisode réussi de “J’irai pisser chez vous” 😀

Soirée tendue au milieu de nulle part

Le chauffeur revient après quasi une heure d’attente. On se tape deux heures de route où notre hôte nous explique qu’il est super content de nous présenter à sa famille. C’est une expérience pour lui, car il a rarement l’occasion de parler anglais. Il appelle sa mère pour vérifier que c’est bon pour eux. Vu qu’il fait déjà nuit, on n’a pas trop le choix non plus, on se dit qu’on va chez eux et qu’on ne cherchera pas une guesthouse en arrivant. Nous arrivons dans son village de Sukasari, puis dans un petit quartier perdu du village, presque en pleine forêt. La famille, très gentille, nous sert un énorme repas traditionnel sur les tapis de l’entrée, en nous regardant manger.

Arrive minuit, on se dit qu’on a passé une superbe soirée. La plupart des voyageurs rêvent de ça et on le fait comme ça après une petite arnaque dans un bus. Génial ! Mais c’était sans compter sur le chauffeur du minibus qui nous annonce qu’il doit retourner sur Sempol ce soir avec le fils de la famille et que du coup, ce qu’on lui a payé tout à l’heure ne lui convient plus… On lui avait déjà donné 60 000 et il demande 300 000 en plus. La bonne blague ! Etant vraiment perdus au milieu de nulle part, la guesthouse la plus proche étant à au moins 30 kilomètres, nous n’avons guère de choix. Nous discutons encore un moment, énervés par cette journée d’arnaque et lui lâchons au final 150 000…

Une fois que notre hôte est reparti avec le chauffeur, nous continuons à discuter avec la famille. Seule la fille Diana parle anglais, sinon on lâche les quelques mots d’indonésien qu’on connait ou ce sont les gestes 🙂 Les mamies de la maison sont toutes rigolotes. Elles n’osent pas s’approcher puis arrivent et ne font que rire. Il est tard, on part se coucher après toutes ces déconvenues. Nilu dort avec Diana pendant que Choupi et moi avons notre propre chambre.

Tentative de montée à Kawah Ijen

13 mars. Lever à 5h avec la prière musulmane. On se rendort jusqu’à 7h30 puis on se lève. On essaie de parler un peu avec le grand père, il me fait comprendre que je suis énormément poilu des bras 😀 On réveille Nilu à 8h. Le grand-père et Diana nous emmènent faire un tour dans les environs. On passe quelques petits cours d’eau et on se tape quelques sangsues.

En revenant à la maison, la mère nous a préparé un super petit déjeuner indonésien avec du poisson, des légumes, du riz et du canard.

C’est l’heure des adieux, on prend tous des photos et on part en direction de la route la plus proche où doivent passer les bus qui montent au volcan. On laisse 30 000 roupiahs à la famille, car malgré l’incident de la veille, eux ont été adorables. Après, est ce que le chauffeur va partager nos 150 000 avec le fils ou la famille, on s’en fout un peu ! Ce qui reste dans nos têtes, c’est la soirée improbable, qui n’aurait pas pu se faire sans le hasard ! ^_^

Diana et sa grand mère (qui m’avoue me considèrer comme son petit fils), nous accompagnent jusqu’à la route. C’est l’occasion de traverser les rizières et croiser les personnes qui y travaillent. Puis c’est l’heure de se séparer. Ces gens qui n’avaient pas grand chose nous ont vraiment tout donné, sublime expérience !

La montée en bus dure 2 heures. Il nous dépose à Sempol, avant dernier petit village avant d’arriver au volcan. Dans le bus, nous sommes compressés et mon dos et mes fesses baignent dans du jus de tofu. Classe 🙂 Le temps se couvre au fil de la montée, assez caillouteuse. Arrivés à Sempol, il reste 13 kilomètres pour rejoindre le volcan. Sur le Lonely Planet, il est indiqué qu’il faut prendre des motos avec chauffeur pour faire le dernier bout de chemin. Le hic, c’est que comme on a dormi chez l’habitant, on a tous notre gros sac sur le dos plus le petit sur le ventre. Pas très pratique tout ça !
Les chauffeurs proposent le double du prix qu’on avait en référence, juste pour faire l’aller. Si on veut l’aller retour, c’est donc quatre fois le prix normal. On n’a pas envie de retomber dans le même schéma que la veille avec les arnaques à répétition donc on refuse. Un minibus passe. Je l’arrête et lui demande si il peut nous monter jusqu’au poste du volcan. Après quelques négociations, il veut bien nous monter pour pas trop cher. Mais tout à coup, les chauffeurs des motos lui parlent en indonésien : il se braque et ne veut plus nous prendre… Super, on est coincés à moins de 15 kilomètres du volcan sans pouvoir y monter !

Malaises dans la pampa

Le minibus reprend sa route et Nilu l’attrape au vol. Pas le temps de dire ouf, nous la suivons et sautons à l’arrière en nous accrochant aux échelles qui permettent de monter sur le toit. Au bout de deux minutes, les muscles commencent à se raidir et on se dit qu’on tiendra pas les 15 kilomètres comme ça, surtout avec la vingtaine de kilos sur le dos ! J’essaye de faire stopper le conducteur mais sans succès. On décide donc de sauter. Nilu saute sans problème. Moi pareil. Il reste Choupi accrochée… Et le bus réaccélère un peu juste au moment où elle se met à sauter. Déséquilibrée, elle chute et avec la vitesse est traînée sur quelques mètres, sur le ventre, la face contre le sol. Assistant impuissant à la scène, je me dis que son visage est défiguré vu l’impact. Le bus poursuit sa route et nous nous retrouvons là, avec ma Choupi blessée, sans personne autour. Nilu et moi accourons auprès de Choupi pour voir si ça va. Elle vacille un peu et tombera deux fois dans les pommes, avec des crises de tétanie. Après plusieurs bonbons que je lui force à avaler, après des litres d’eau dans la figure et quelques légères claques, elle reviendra peu à peu à elle. Peur de ma vie quand j’ai vu sa langue, blanche, pendant hors de sa bouche. Entre temps, Nilu a réussi à intercepter un jeune en scooter qui a un portable. Il prévient un camion qui arrive dans les 5 minutes pour transporter Choupi à l’hôpital le plus proche, à 2 kilomètres. Arrivés là-bas, c’est juste une toute petite clinique de campagne, aux instruments pas très stériles. Le médecin la désinfecte très rapidement, on aurait dit que c’était la première fois qu’il manipulait ses outils. Je manque de tomber dans mes pommes à mon tour avec les émotions et la chaleur 🙂

On se repose et on mange, puis on reprend la route avec un minibus qui nous amène à Bondowoso. Deux français sont dans le bus, ils reviennent du volcan et nous apprennent que c’est fermé. Le pH du lac a augmenté de manière très significative et il n’est pas loin de rentrer en éruption. Sympa ! On prend le même hôtel que les français et on mange avec eux. Ils partent demain pour Bali et nous donnent quelques bons plans pour la suite.

Voici un aperçu de ce que nous avons loupé, merci Google images !

Repos bien mérité

14 mars. Choupi ayant besoin de repos après sa chute, on reste tranquillement à regarder tomber la pluie dans un canapé de l’hôtel. En se renseignant sur Internet, on a la confirmation que le volcan est bien fermé au public et qu’un périmètre de sécurité est en place. Évidemment, aucun indonésien n’est au courant et les personnes qui sont à Sempol proposent quand même de vous y emmener… Aberrant ! Il est fermé depuis décembre suite aux enregistrements sismiques observés. Les porteurs de soufre ont également arrêté de travailler, ce qui témoigne du danger latent. Ce qui est grave, c’est qu’à Bali, les agences continuent de vendre le trip vers ce volcan… Renseignez vous donc bien avant de partir !

Si le genou de Choupi va mieux demain, on part pour un autre volcan, celui de Bromo, qui devrait être ouvert celui-ci, sauf imprévus. Que d’émotions en trois jours 🙂

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8 commentaires
31 mai 2012 à 06:56 Répondre

Bonjour,
J’ai lu avec intérêt votre récit jusqu’au bout ! très bien écrit .. Je me suis bien régalée à lire vos aventures sur l’île de Java…. Alors c’est vrai que les Indonésiens sont arnaqueurs ?
Bonne continuation.
J’ai hâte de lire la suite …….

Choupi et Tibal
31 mai 2012 à 09:49

Merci beaucoup pour votre commentaire !
Les Indonésiens ne sont pas tous des arnaqueurs heureusement, mais il faut savoir négocier et vérifier ses sources on va dire 🙂
Ca reste un des pays qu’on aura préféré sur notre route donc n’hésitez plus, foncez le découvrir !
Nous c’est sûr qu’on y retournera pour faire une autre partie de ce vaste pays !
Vos photos d’Inde nous rappellent de bons souvenirs 😉

2 juin 2012 à 15:40 Répondre

Et ben dites donc quelle aventure surtout l accident
j’ai eu l’impression à vous lire de regarder pekin express 😉 entre les déconvenues et les moments de joie, sauf qu’à pekin ils doivent faire du stop gratuitement et que toi là bas ça été l’arnaque à gogo
c la raison pour laquelle moi bali franchement je n’ai pas aimé, me faire arnaquer à tous les coins de rue, enfin essayer, car pas question de me faire arnaquer, mais c est épuisant de passer son temps à marchander etc bon ben dommage pour le volcan en tous cas
à bientôt pour la suite …. de pékin express version choupi 😉

Choupi et Tibal
4 juin 2012 à 21:30

Heureusement, plus de peur que de mal !
C’est fatigant c’est sûr d’éviter les arnaques, mais ça fait partie du jeu 🙂
A bientôt pour d’autres volcans et d’autres lieux magnifiques d’Asie

gudynounet
3 juin 2012 à 20:13 Répondre

. . . encore toute imprégnée de son séjour en Inde, je vois que Choupi a voulu nous rejouer la scène de Slumdog Millionaire :
c’est Latika qui décroche du wagon . . . 😉

Le menton qui fait patin de frein, il y a mieux comme épilation !
Bisoux

Choupi et Tibal
4 juin 2012 à 21:34

Oui, sauf que dans le film, il y avait des cascadeurs. Nous on avait pas pris cette option 🙂
Mais on s’en sort bien, c’est le principal ! Radio des genoux prévue cette semaine pour quand même tout vérifier.
Choupi a depuis repris l’épilation « classique »
Bisous bisous

Gwenna et pierrick
21 août 2013 à 21:31 Répondre

Quel plaisir de lire votre périple à java.
Voilà 72 heures que nous sommes revenu d’Indonésie (java, lombok et bali) et les souvenirs du pays me reviennent en tête comme des pierres précieuses à l’état brut…
Il est vrai qu’il faut être vigilant des éventuels arnaques, (surtout à java), mais je vous assure que c’est vraiment rien par rapport à la gentillesse des gens.
Il est certain que si l’on souhaite des vacances plus reposantes, il est préférable de choisir bali et lombok avec un court stop à java.
Je recommande particulièrement lombok qui garde un côté sauvage avec des plages magnifiques.
Louer un scoot à senggigi et flâner dans les environs reste un très bon souvenir (il ne manquait plus la musique du film toute la beauté du monde pour que le cliché soit parfait).
Pour nous, l’Indonésie c’était la deuxième fois et j’espère pas la dernière car ça reste notre destination préférée à ce jour.
Quel magnifique richesse humaine…
Bonne continuation pour vos aventures et au plaisir de vous lire.

Choupi et Tibal
21 août 2013 à 21:56

Merci beaucoup pour votre commentaire 😉
Oui, malgré les petites embrouilles et déboires, nous aussi l’Indonésie restera un de nos pays préférés !
Des gens tellement gentils que les petites entourloupes sont vite effacées…
On y retournera dès qu’on peut !

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